La production

Turgot, auteur de la loi des rendements décroissants
Les problématiques
- A quoi correspond le concept de production ?
- Que faut-il pour produire ?
- En quoi la productivité est-elle un concept clé de l’analyse économique ?
1 – La notion de production
Selon l’INSEE « La production est l’activité économique socialement organisée consistant à créer des biens et des services s’échangeant habituellement sur le marché ou obtenus à partir de facteurs de production s’échangeant sur le marché ». De manière plus générale, l’activité de production correspond au travail de l’homme qui transforme la nature afin de pouvoir consommer. Pour la rendre plus efficace, le producteur a intérêt à passer par un détour de production, notion mise en avant par l’économiste Böhm-Bawerk (1851-1914) à partir d’exemples tels que celui d’une personne isolée habitant loin d’une rivière. Pour combler ses besoins en eau, différents moyens sont concevables (seau, réservoir, canalisation, eau courante). Chacun d’eux correspond à un détour qui prend du temps et suppose de renoncer à une autre activité. Il génère des coûts immédiats, mais permet d’augmenter à terme la qualité et la quantité des biens ou des services produits.
La production résulte donc en définitive du travail direct, mais aussi du travail indirect qui, par le biais de ce détour, a permis de créer le capital.
2 – Les facteurs de production
Travail et capital sont les deux principaux facteurs de production mis en avant par l’analyse économique aujourd’hui. Au 19ème siècle les économistes classiques en distinguaient un troisième, la terre, qui est un moyen de production non produit et qui donne naissance à un revenu particulier, la rente. Aujourd’hui on l’inclut dans le capital. Le capital se décompose en capital circulant (biens et services intermédiaires transformés ou détruits dans la production d’autres biens) et capital fixe utilisé pendant plusieurs cycles de production. L’achat de capital fixe constitue un investissement.
Pour produire il faut associer ces deux facteurs en une combinaison productive dont l’intensité capitalistique peut être plus ou moins forte. Lorsqu’une seule combinaison productive est possible on dit que les facteurs sont complémentaires (1 chauffeur pour 1 taxi et réciproquement). Sinon on dit qu’ils sont substituables. Dans ce cas le choix opéré par le producteur est fonction du coût relatif du capital (K) et du travail (L).
Elément à retenir
Fonction de production : elle associe facteurs de production et quantités produites Q à travers une relation du type Q = f (L,K). Son intensité capitalistique est d’autant plus forte que la part du capital est élevée
3 – La productivité des facteurs
L’efficacité de la combinaison productive se mesure par la productivité ou contribution de chacun des facteurs à la production totale.
La productivité physique indique la production qu’une unité de facteur de production contribue à produire, soit
- dans le cas du travail : Valeur Ajoutée/quantité de travail mise en œuvre
- et dans le cas du capital : Valeur Ajoutée/nombre d’unités de capital
Dans le cas du travail le dénominateur se réfère au nombre d’heures travaillées (productivité horaire) ou aux effectifs employés. Au rapport V.A/effectifs employés correspond le concept de productivité apparente du travail (apparente car la hausse de la productivité du travail provient souvent de l’acquisition d’équipements plus performants, élément qui n’apparaît pas dans le calcul).
La productivité en valeur tient compte du prix des facteurs de production avec :
- pour le travail = V.A/coût du travail (soit salaire moyen x nombre de salariés)
- pour le capital = V.A/coût du capital (soit coût d’une unité de capital x nombre d’unités)
Si on raisonne sur les 2 facteurs à la fois on se réfère à la productivité globale des facteurs (PGF) avec:
- PGF = VA/ coût total des facteurs
4 – Loi des rendements décroissants, rendements d’échelle et gains de productivité
Les calculs des producteurs font aussi intervenir la notion de productivité marginale qui mesure le supplément de production induit par l’emploi d’une unité supplémentaire de facteur, la quantité de l’autre restant fixe. A partir d’un certain seuil l’analyse économique considère qu’elle devient nécessairement décroissante. C’est ce qu’énonce la loi des rendements factoriels décroissants d’abord formulée par Turgot (1727-1781) : la quantité disponible d’un facteur étant fixe et celle de l’autre variable, la productivité du facteur variable doit nécessairement finir par décroître.
L’efficacité globale de la combinaison s’apprécie à travers le concept de P.G.F. (cf. ci dessus) et à travers la notion de rendements d’échelle qui se calculent en rapportant la variation de la quantité produite (output) à la variation du volume des facteurs (inputs). Ils peuvent être croissants, constants ou décroissants.
On dit qu’il y a des gains de productivité dès lors que la la V.A augmente plus rapidement que le coût des facteurs. On les obtient en augmentant l’échelle de la production et/ou par le biais d’innovations techniques et/ou d’une meilleure organisation du travail.L’entreprise peut les répartir entre les salariés (hausse de leur rémunération), les consommateurs (baisse des prix), l’entreprise elle-même (accroissement des bénéfices non distribués) ou ses propriétaires (hausse des dividendes).
Elément à retenir
Si on raisonne au niveau d’un pays tout entier il apparaît que l’évolution du PIB par habitant est directement liée à celle de la productivité mais aussi à la durée moyenne du travail des actifs car :
PIB / Population = PIB / Heures travaillées x Heures travaillées / Population