Le financement de l’économie

Les frères Pereire, financiers
Les problématiques
- Quel est le rôle spécifique des banques dans le financement ?
- Quel est celui de la bourse ?
I – Financement, financement interne, financement externe
Le financement de l’économie désigne l’ensemble des modalités par lesquelles les entreprises, les ménages et les administrations publiques (APU) se procurent les fonds nécessaires à la réalisation de leurs différentes activités. Il y a plusieurs formes de financement clairement distinguées par Gurley et Shaw (Money in a Theory of Finance, 1960) en considérant que le financement est soit interne, soit externe. Si il est externe il est soit direct, soit indirect. Si il est indirect, il est soit non monétaire, soit monétaire.
Le financement interne recouvre l’autofinancement ou financement à partir des fonds propres de l’agent.
La comptabilité nationale (CN) montre toutefois que les agents économiques ont rarement des dépenses ou emplois correspondant au montant exact de leurs ressources. A leur niveau chacun des agents peut être tantôt emprunteur, tantôt prêteur. Mais au plan macro – économique, dans les termes de la CN, les sociétés non financières (SNF) et en général les APU ont un besoin de financement (ressources inférieures aux emplois) alors que les ménages et les sociétés financières ont une capacité de financement.
Par un financement externe, les premiers ont alors recours aux seconds
A l’échelle nationale peut apparaître une épargne nette positive (S≥I) lié à un solde positif de sa balance des transactions courantes ou BTC (exportations X ≥ importations M) ou inversement. Dans le premier cas, il prête au reste du monde, dans le second il s’endette auprès du reste du monde. La formule S – I = X – M = solde de la BTC exprime l’articulation entre équilibre interne (S-I) et équilibre externe (X-M)
Elément à retenir
- Balance des Transactions Courantes (BTC) : document comptable enregistrant toutes les exportations (notées X) et toutes les importations (M) d’un pays
II – Financement direct et financement indirect
Dans le cas du financement externe direct l’agent à besoin de financement émet un titre qui est acquis par l’agent à capacité de financement. Ainsi les entreprises et les administrations émettent des actions et/ou des obligations qui sont achetées par des ménages ou d’autres entreprises. Emetteur et acheteur du titre sont dans une relation de face à face. Si une institution financière intervient c’est pour faciliter le placement puis la transmission du titre (il s’agit alors de courtage).
Ce financement passe par les marchés financiers (où se négocient les valeurs mobilières) ou par le marché monétaire (émission de billets de trésorerie par les entreprises). Mais les titres que souhaitent placer les agents émetteurs peuvent présenter, compte tenu de la nature du projet à financer, des caractéristiques ne convenant pas aux agents prêteurs : risque trop élevé, durée trop longue, liquidité insuffisante. L’opération nécessite alors l’intervention d’un intermédiaire et il faut passer par un financement externe indirect
Ce financement externe indirect peut être non monétaire ou monétaire
III – Financement non monétaire et financement monétaire
Dans le cas du financement externe indirect non monétaire, une institution financière (IF) recueille des fonds auprès de clients qui veulent pouvoir les récupérer facilement et sans risque et les utilise pour acheter des titres dont l’échéance peut être lointaine. Sa position peut apparaître délicate puisque d’un côté elle détient un actif risqué et à long terme et de l’autre prend des engagements à court terme. Mais la multiplicité et la diversité des projets qu’elle finance permet de réduire le risque qui est mutualisé ; de même il est peu probable que les déposants demandent tous à retirer leurs fonds au même moment.
Le financement externe indirect monétaire est le fait des banques qui parmi les IF ont la particularité d’accorder des crédits en créant de la monnaie.
IV– Economie d’endettement et économie de marchés de capitaux
En 1974, John Hicks a proposé une distinction entre « économie d’endettement» et « économie de marchés de capitaux ». Dans la première, les agents à besoin de financement ont essentiellement recours au financement externe indirect ; le rôle des intermédiaires financiers est alors déterminant. Dans la seconde prime au contraire le recours au financement externe direct.
Les deux circuits ne sont pas en fait exclusifs l’un de l’autre mais se combinent dans des proportions variables selon les pays (prédominance des marchés financiers dans les pays anglo-saxons, poids du financement bancaire dans les pays d’Europe continentale). Jusque dans les années 80 la France est l’exemple type d’une économie d’endettement. Puis les marchés de capitaux se sont beaucoup développés en lien avec leur déréglementation et on s’est orienté vers une économie de marchés de capitaux.
Elément à retenir
- Marchéisation des opérations bancaires : pour faire face à une évolution qui affaiblissait leurs positions, les banques se sont mises à émettre sur les marchés de capitaux des titres pour collecter des fonds et à en acheter pour les placer. En «marchéisant» leurs opérations elles sont restées des acteurs de premier plan du financement.