L’investissement
Les problématiques
- Quels sont les déterminants de l’investissement ?
- En quoi l’investissement est-il responsable des fluctuations de l’économie ?
1 – La notion d’investissement: définition et typologie
Définition : Le capital nécessaire à la production est un stock : il augmente avec l’achat de biens d’équipement nouveaux qui correspond à l’ investissement brut et diminue avec leur usure ou leur obsolescence qu’on appelle amortissement. De cela on déduit que si le capital est un stock, l’investissement est un flux. Au sens large il englobe toutes les dépenses contribuant à accroitre durablement la capacité de production des entreprises. Cela inclut les investissements dits immatériels (Recherche et Développement, formation, marketing, logiciels etc..). La comptabilité nationale toutefois ne les prend que partiellement en compte dans le calcul de la Formation Brute de Capital Fixe (F.B.C.F) qui est son agrégat de mesure de l’investissement.
Typologie : on distingue investissement de capacité, de remplacement et de productivité. Dans la réalité les 3 formes se recoupent. On distingue aussi les investissements en fonction de l’agent qui investit : entreprises, administrations publiques (A.P.U) ou ménages.
2 – Les déterminants de l’investissement productif
L’investissement est une décision à prendre aujourd’hui avec un coût immédiat mais des résultats aléatoires. C’est donc un pari sur l’avenir influencé par cinq facteurs principaux dont le premier relève du court terme
a- il est influencé par la demande (des ménages, des entreprises, du reste du monde)
L’entreprise investit si la demande anticipée est supérieure à sa capacité de production. Le mécanisme dit de l’accélérateur exprime cette influence. Il établit que les variations de l’investissement sont beaucoup plus amples que celles de la demande.
b- Il est lié aux profits passés
Les profits passés des entreprises conditionnent leur capacité de financement à travers leur autofinancement et parce que le recours à des financements externes (banque ou bourse) suppose que l’entreprise ait fait la preuve de sa capacité à faire des bénéfices
Les mots à retenir
- Obsolescence: fait pour un bien d’être progressivement périmé ou frappé de désuétude technique alors même qu’il pourrait encore fonctionner.
c – Il est fonction de la rentabilité anticipée du projet
Celle-ci dépend de la comparaison entre son coût initial (C.I) et la somme des bénéfices futurs qu’on en attend qui doivent être ramenés en valeur présente, c’est à dire actualisés. Exemple : soit 120 euros perçus dans un an ; avec un taux d’actualisation de 20% cette somme vaut aujourd’hui 120 / (1+ 0,2) = 100. De cela on déduit sa Valeur Actualisée Nette ou VAN : VAN = ∑ bénéfices futurs actualisés – coût de l’investissement
Le taux d’actualisation pour lequel VAN = 0 (le projet ne perd ni ne gagne d’argent) est le taux de rendement interne de l’investissement ou TRI. Il permet de classer les projets, les meilleurs étant ceux dont la VAN ne s’annule qu’en dépréciant fortement le futur.
d- Il est corrélé au niveau du taux d’intérêt i
Si l’entreprise possède les fonds nécessaires, i correspond au coût d’opportunité de l’autofinancement. Si elle ne dispose pas des fonds, i représente le coût de l’emprunt
e- Le coût relatif des facteurs (travail et capital) a également une incidence sur le choix de la combinaison productive et donc sur le niveau et la structure de l’investissement.
3 – Les effets économiques de l’investissement
a- L’investissement agit sur la demande. Une dépense initiale d’investissement donne lieu à une distribution en cascade de revenus qui sont soit consommés, soit épargnés. Ceci est au principe du multiplicateur qui établit que l’effet d’un supplément d’investissement sur la demande est un multiple de son montant. Ce mécanisme est au principe de politiques conjoncturelles de relance
b- L’investissement joue aussi sur l’offre. Un investissement de capacité l’accroît par définition. L’investissement de productivité améliore la compétitivité de l’entreprise (par une baisse de ses coûts de production, par des gains de parts de marché). L’investissement de remplacement renouvelle les équipements usagés.
En jouant sur l’offre l’investissement a un impact sur le potentiel de croissance de l’économie.
c- L’investissement influence le rythme et les fluctuations de la croissance. Ses variations sont à l’origine de fluctuations de la croissance par le biais du multiplicateur. Ces fluctuations provoquent en retour des mouvements amplifiés de l’investissement via l’accélérateur. Le modèle de l’oscillateur (Samuelson) combine ces deux effets. Pour aller plus loin, cliquer ici
d- L’investissement a un impact discuté sur l’emploi. A court terme, ceux de productivité peuvent provoquer du chômage, mais à long terme l’histoire économique montre que l’introduction du progrès technique, dont ils sont les vecteurs, s’est faite parallèlement à l’augmentation du nombre d’emplois tout en permettant la réduction du temps de travail. C’est dans cette optique qu’Alfred Sauvy dans La machine et le chômage soutient qu’à long terme le solde d’emplois créés est positif. Mais avec l’ouverture croissante des économies le problème se pose en termes nouveaux.
Les mots à retenir
- Efficacité marginale du capital (E.M.C) : Keynes forge ce concept sur la base de celui de rendement escompté de l’investissement (soit le TRI mentionné ci-dessus) et le transpose au niveau de l’économie toute entière. En classant les projets par ordre d’ E.M.C décroissante on obtient la courbe de l’ E.M.C dont la confrontation avec i fixe le volume global de l’ investissement.
- Coût d’opportunité de l’autofinancement : ce que l’entreprise aurait pu gagner en plaçant ses fonds sur les marchés financiers plutôt que de les investir en son sein