La consommation
Les problématiques
- Le budget des ménages : quelles structures ?
- La consommation : quels déterminants ?
- Ses évolutions : quelles tendances ?
1 – Définition et évolutions de sa structure
Consommer c’est détruire par l’usage un bien ou un service, en une fois ou progressivement, soit en vue d’une transformation en un autre bien (consommation intermédiaire), soit pour satisfaire un besoin (consommation finale). Pour ce qui est de la consommation finale des ménages, l’évolution de sa structure qui se déforme à travers le temps a été étudiée dès le 19ème siècle par Engel (1821-1896). En compilant les budgets de familles belges et allemandes à deux dates éloignées (1857 et 1891) il a mis en évidence des régularités statistiques ou« lois »
L’INSEE suit cette évolution à travers une nomenclature en 8 postes fonctionnels : alimentation, habillement, logement, mobilier, santé, transports et communications, loisirs, autres. Les coefficients budgétaires mesurent le poids en % de ces différents postes dans le budget des ménages.
2 – La théorie microéconomique du consommateur
L’analyse micro relie les comportements du consommateur à ses goûts, à son revenu et aux prix relatifs des biens. Elle les a formalisés en supposant qu’il était rationnel, autonome et souverain.
Faire l’hypothèse qu’il est rationnel signifie qu’il préfère plus à moins
Dire qu’il est autonome signifie qu’il n’est pas influencé par les autres
Sa souveraineté consiste en ce que c’est lui qui par ses choix dicte aux producteurs ce qu’ils doivent produire.
3 – La fonction macroéconomique de consommation
Pour Keynes cette relation traduit une « loi psychologique fondamentale » selon laquelle la consommation augmente avec le revenu courant, mais à un rythme plus faible. Selon cette « loi », la décision de consommer des ménages dépend exclusivement du niveau de leur revenu de la période en cours. Pour résumer, c’est le revenu courant qui détermine la consommation, la propension à consommer étant décroissante.
Au revenu courant Friedman oppose le revenu permanent. Il considère qu’un individu détermine sa stratégie économique sur l’ensemble de sa vie. Rationnel et informé, il est capable de calculer le flux de revenu auquel il peut prétendre sur longue période. Ce revenu permanent peut être différent de son revenu courant (qui comporte 2 composantes qu’il est capable de distinguer : l’une est transitoire et il ne peut pas compter durablement dessus, l’autre est permanente et seule influe sur sa consommation).
Elément à retenir : Les lois d’Engel
Elles énoncent que lorsque le revenu augmente
1 – La part de l’alimentation décline dans la consommation totale
2 – Celle des vêtements est approximativement la même quel que soit le revenu
3 – Celles du logement, du chauffage et de l’éclairage sont invariables
4 – Celles des dépenses de loisirs et de culture ainsi que de l’épargne augmentent
Les régularités 1 et 4 n’ont pas été invalidées depuis lors, contrairement aux deux autres.
Pour combler la différence sans modifier ses plans de consommation l’individu sera conduit à épargner ou à s’endetter. Entre la consommation et le revenu permanent, la relation est supposée stable et, sous certaines hypothèses, proportionnelle. Cette analyse est au fondement de la critique des politiques keynésiennes de relance car si la consommation ne dépend pas du revenu courant, le multiplicateur ne peut être que faible ou instable et les mécanismes de la relance ne peuvent fonctionner correctement.
Suivant une perspective similaire (logique de choix intertemporel) Modigliani a mis en évidence le rôle de la position occupée par le ménage dans le cycle de vie (jeunesse, maturité, vieillesse).
4 – D’autres aspects de l’étude de la consommation
Aspects historiques
Au plan historique, le 19ème a été marqué par des possibilités très limitées d’accès à la consommation pour le plus grand nombre. Les revenus étaient alors trop faibles pour consommer autre chose que de la nourriture et l’alimentation absorbait la plus grande part du budget des familles dans les milieux populaires. En revanche dans la seconde moitié du 20ème siècle, avec l’élévation du niveau de vie, on est entré dans l’ère de la consommation de masse et s’est imposée la société de consommation.
Aspects sociaux
La consommation n’intéresse pas seulement les économistes. Elle n’est pas seulement un acte économique, c’est aussi un acte social. Comme tel elle relève de l’analyse sociologique qui en particulier cherche à savoir si, à travers la consommation, il y a eu ou non moyennisation des modes de vie.
Elément à retenir : la dynamique de la consommation
Si on fait le point sur les grandes tendances récentes, on observe la place de plus en plus grande des services, l’essor de la part des consommations socialisées (éducation, santé) et le poids croissant des dépenses pré-engagées (loyer, abonnements divers)