Cliché n° 2 – L’économie de marché est une « fabrique du diable »
Cliché n° 2 – L’économie de marché est une « fabrique du diable » (diapo 6)
Dans l’esprit de ses détracteurs l’économie de marché est la matrice d’une société profondément inégalitaire marquée par les injustices et la pauvreté. C’est oublier ce que nous devons à ce système économique dont les mécanismes ont assuré et assurent toujours ce qu’Edmund Phelps appelle une prospérité de masse.
Diapo 7
« Quand et comment la croissance régulière est-elle devenue un aspect permanent de l’évolution économique de chaque société ? »
W. W Rostow
Quand? A partir du moment où au cours du 18ème siècle l’Angleterre s’engage la première sur la voie de l’industrialisation.
Comment? Grâce au passage à une économie de marché
Ce passage marque une rupture fondamentale par rapport au passé
Deux indicateurs le montrent sans ambiguïté: l’évolution du PIB mondial et celle du PIB par habitant de la planète depuis le début du 19ème siècle.
Diapo 8 et 9
Dans un cas comme dans l’autre la courbe s’infléchit de 90 degrés vers 1800.
A partir de cette date la croissance du PIB mondial devient exponentielle. Elle est entraînée par celle de l’industrie dopée par la prolifération des innovations.
Comme elle dépasse celle de la population, le revenu par personne qui stagnait depuis toujours entame une escalade ininterrompue. Sensiblement identique en 1800 à ce qu’il était au temps du Christ, il est aujourd’hui en moyenne 12 fois supérieur.
Ce qui est vraiment remarquable c’est que bien que très forte la croissance démographique est restée inférieure à celle des richesses et que de surcroît dans le même temps l’espérance de vie a plus que doublé.
Comment l’expliquer?
Par le fait que depuis la Révolution industrielle nos économies ont acquis une capacité à produire un flux continu d’innovations qui soutient la progression du niveau de vie de tous.
À cet égard Walter Rostow a forgé des images parlantes en comparant les économies de marché à des avions: une fois qu’elles ont assuré leur décollage, elles sont capables de suivre une trajectoire ascendante par leurs propres moyens. Devenue auto-entretenue, leur croissance est désormais capable de se soutenir toute seule.
Ainsi que l’écrit Steven Pinker : « Le scénario de la croissance des richesses au cours de l’histoire de l’humanité (…) ressemble à quelque chose comme : rien…rien…rien… (et ainsi de suite pendant plusieurs millénaires), puis …boum ! ». Il ajoute : « Entre 1820 et 1900, le revenu mondial a triplé. Il a triplé de nouveau en un peu plus de cinquante ans. Puis il n’a fallu que 25 ans pour qu’il triple à nouveau, et trente trois autres années pour le voir tripler encore une fois. » (Le triomphe des lumières)
Grâce aux mécanismes de l’économie de marché qui sont indispensables au dynamisme des entreprises le pouvoir d’achat ouvrier a été multiplié par près de dix depuis 1870 en France comme le souligne Thomas Piketty lui-même et le PIB par habitant a été multiplié par 14 dans les PDEM depuis 1820 selon les calculs d’Angus Maddison pour l’OCDE.
Diapo 10
Citation : Cette progression spectaculaire des niveaux de vie pendant le dernier siècle capitaliste a d’ailleurs été sensiblement la même dans tous les pays occidentaux. Par exemple le salaire horaire ouvriers aux États-Unis a été multiplié par 11 entre 1870 et 1990, soit une augmentation moyenne d’environ 2 % par an, ce qui correspond à peu près à l’augmentation en France, compte tenu de la diminution de la durée annuelle du travail.
Thomas Piketty–l’économie des inégalités–Repères, la découverte
Grâce à l’économie de marché et aux institutions très souples qu’elle a su mettre en place,le progrès technique a pu être canalisé et mis au service de l’humanité. Elle a pu enfin s’ échapper de la trappe malthusienne dans laquelle elle était jusqu’alors condamnée à inlassablement retomber.
Aujourd’hui ses mécanismes sont aussi ceux qui nous permettront de sortir du piège du réchauffement climatique. Seuls ils sont à même de fixer un prix du carbone suffisamment élevé pour enrayer le processus. Comme l’a bien montré Jean Tirole on peut soit les laisser jouer directement en instituant un marché des droits à polluer ou indirectement par le biais d’une taxe carbone qui sera intégrée dans le système des prix.