Des Français intéressés par les questions économiques… mais très novices en la matière! C’est le constat d’une étude publiée par l’Institut Sapiens – un think tank libéral – qui évoque «une inculture économique des Français». Selon un sondage Kantar Sofres de novembre 2017, 56% des Français disent s’intéresser à l’économie (37% «assez» et 19% «beaucoup»). Mais parallèlement, ils s’y connaissent peu. Selon un autre sondage IFOP-Fiducial d’octobre 2017, 63% des personnes interrogées n’ont aucune idée de l’ordre de grandeur du PIB de la France pour l’année 2016 et 65% n’ont aucune idée du montant de la dette publique. En outre, la moitié des répondants n’a qu’une idée très approximative du montant net du SMIC.
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Une situation problématique alors que l’économie est de plus en plus présente dans les débats politiques – ce fût notamment le cas lors de la dernière élection présidentielle – et que «cette discipline est devenue un outil indispensable à la compréhension du monde», estime l’Institut Sapiens. Plus grave encore – selon le think tank – cette «méconnaissance» coûterait cher à la France en termes de croissance et d’emploi (allocation peu satisfaisante de l’épargne des ménages, défiance excessive envers le monde de la finance, obstacle à la mise en œuvre de réformes pourtant indispensables, etc…). L’Institut Sapiens cite notamment les travaux de l’économiste américain Edmund Phelps – prix Nobel d’économie en 2006 – qui a calculé que ces lacunes faisaient perdre à la France un point de croissance chaque année.
Objectif: élever le niveau général des connaissances en économie
L’Institut Sapiens ne se contente pas de dresser un constat. Il propose également des solutions concrètes et tente de répondre à la question suivante: comment élever le niveau des Français en économie? «Les Français manquent des connaissances qui leur permettraient de saisir dans leur complexité les grands enjeux économiques (…) Dans cette perspective l’élévation du niveau général de connaissances en économie est devenue une nécessité», pour tous les citoyens, explique notamment le think tank.
Selon l’Institut Sapiens, cette «inculture économique» rend par ailleurs difficile «l’adaptation de l’économie française aux mutations en cours». Voici les pistes proposées dans l’étude:
Dans le secondaire, l’Institut Sapiens préconise d’ouvrir l’enseignement de l’économie à tous les élèves de seconde et de recentrer le programme sur l’apprentissage des mécanismes économiques de base, au lieu de «se disperser sur un trop grand nombre de thèmes dont aucun n’est au final maîtrisé». Il est ensuite question d’approfondir les acquis de la classe de seconde en première puis en terminale.
Dans le supérieur, le think tank propose «d’introduire un enseignement rigoureux de l’analyse économique dans toutes les grandes écoles ainsi qu’à l’École nationale de la Magistrature. À Sciences-po et à l’ENA, l’Institut Sapiens préconise «d’étendre cet enseignement au-delà du seul examen des politiques publiques et de la glorification de l’action de l’État». Quant à l’université, l’étude prône l’adoption d’une approche disciplinaire plus large qui ne soit pas aussi centrée sur les mathématiques et les techniques quantitatives».
Des programmes de vulgarisation de l’économie
Enfin, concernant le «grand public», l’Institut Sapiens propose de multiples pistes: soutenir et développer les initiatives déjà existantes (Cité de l’économie et de la monnaie, Institut de l’Entreprise, sites d’éducation financière, journées de l’économie, printemps de l’économie, prix du livre d’économie, etc…), encourager les professeurs et les étudiants à créer des sites visant à mettre la culture économique à la portée de tous et mettre en place un portail pour les référencer, créer une base de podcasts facilitant l’accès aux émissions mises en ligne par les radios, organiser la diffusion par des chaînes de télévision d’un programme court de 2 ou 3 minutes à une heure de grande écoute ou encore favoriser l’accès à des programmes de vulgarisation de l’économie sur les réseaux sociaux comme les MOOC («Massive Online Open Courses», ce qui veut dire «cours en ligne ouvert et massif) ou «des sites spécialisés dont il convient d’encourager l’éclosion». Avec tout cet arsenal, nul doute que les Français se sentiront un peu moins déboussolés lors des prochains débats sur la croissance, le chômage ou la dette.
Par Guillaume Poingt Publié