Introduction et Plan
Intervention de Pierre Robert à Paris II le 15 octobre 2019
Cours de Monsieur le Professeur Jérome Duval-Hamel
Introduction : Les Français sont-ils fâchés avec l’économie ?
Le constat que dresse mon livre est qu’ils le sont et plus particulièrement avec l’économie de marché.
Ses mécanismes ont pourtant assuré notre prospérité et en sont toujours les garants..
En dépit de cela nous baignons dans un bain culturel défavorable à l’entreprise, aux entrepreneurs et à l’innovation.
Les enquêtes et les sondages disponibles montrent qu’il y a de fait dans notre pays un déficit de culture économique et d’éducation financière. Les questions relatives à l’économie y sont le plus souvent perçues comme une simple affaire d’opinions personnelles et non comme relevant d’une discipline aux fondements rigoureux.
En outre ce qui caractérise la France et que confirment des enquêtes internationales sur les valeurs, c’est un degré de méfiance beaucoup plus élevé qu’ailleurs envers l’économie de marché. Elle est vue à travers une grille de lecture très particulière qu’on peut résumer en 4 mantras :
- L’économie est un jeu à somme nulle. Ce que tu gagnes, je le perds. En dérive l’axiome selon lequel l’entreprise est avant tout un lieu d’exploitation
- la relance du pouvoir d’achat est la solution à tous nos problèmes, seule la demande compte
- l’individu n’est responsable de rien dans la mesure où il est pour l’essentiel formaté par son milieu social
- toutes les institutions sont par définition suspectes car elles ne font que cristalliser des rapports de domination
Cet ensemble de traits culturels n’est pas sans conséquences sérieuses.
Aux élections présidentielles de 2017 40% des électeurs ont voté pour des programmes qui ne tenaient pas la route au regard des critères les plus élémentaires de l’analyse économique. Il y a donc un impact sur le fonctionnement de notre démocratie.
Il apparaît aussi que l’inculture économique favorise l’absence de dialogue dans notre société verrouillée, une société en silos où chacun est tenté de s’enfermer dans son groupe d’intérêts particuliers même si c’est au détriment de l’intérêt général. Il y a donc une incidence sur le fonctionnement de notre société.
En termes économiques enfin elle nuit à l’innovation dont on refuse de plus en plus les risques.
La manière dont nous nous représentons l’économie, dont nous la pensons a donc un coût en termes de croissance et d’emploi.
Avant d’aller plus loin une question préalable : quand on parle d’économie de quoi parle-t-on?
La difficulté est que le terme est polysémique (Diapo 1)
Il désigne à la fois des activités, un discours (ou plutôt plusieurs) sur la manière dont elles sont organisées et une discipline à caractère scientifique
Quelque soit l’acception que l’on adopte force est de constater la centralité de l’économie dans toutes ses dimensions : factuelles, idéologiques et scientifiques. Elle a un rôle central d’une part comme infrastructure sociétale fondamentale mais aussi comme ensemble d’idées et de représentations, comme culture plus ou moins motivante. Le problème est que dans notre pays, elle n’est pas si motivante que cela. Beaucoup de nos concitoyens sont sous l’emprise d’un carcan mental fait de clichés que plus personne ne cherche à remettre en question
On va aujourd’hui se focaliser sur quelques uns d’entre eux
Plan de l’exposé (Diapo 2)
- Pour comprendre l’économie il faut la voir d’en haut
- L’économie de marché est une « fabrique du diable »
- La recherche scientifique est la source principale de l’innovation
- La finance est maléfique
- L’Etat a vocation à s’occuper de tout car le marché est défaillant (
- Le travail se partage
- Il n’y a jamais eu autant d’inégalités dans notre pays
- Autres idées reçues