Les entreprises, pivots de l’organisation du travail
Les problématiques
- Quels sont les fondements du taylorisme ?
- Quels ont été les apports de Ford ?
- A quelles limites le fordisme s’est-il heurté ?
I – Entreprises et division du travail de Smith à Taylor
Dès 1776 Adam Smith montre l’impact positif de la division du travail sur la puissance productive (ou productivité) du travail des ouvriers. Mais la manufacture d’épingles à laquelle il se réfère ne comporte ni chef ni contremaitre. Tous les ouvriers y sont sur un pied d’égalité. En l’absence de hiérarchie, ce n’est pas une véritable entreprise mais une métaphore de la société de marché.
Il faut attendre la fin du 19ème siècle pour qu’un ingénieur comme F.W. Taylor se penche sérieusement sur la question de l’organisation du travail au sein de la firme sidérurgique qui l’emploie. En publiant La Direction des Ateliers (1911) il formalise les principes de l’organisation scientifique du travail (O.S.T). Le but qu’il leur assigne est de lutter contre la flânerie des ouvriers qui par mimétisme ont naturellement tendance à s’aligner sur le rythme du travailleur le moins productif.
Cela passe par une double division du travail à la fois horizontale (parcellisation des tâches) et verticale (séparation des concepteurs et des exécutants) qui permet de tirer le meilleur parti possible d’une main d’ouvre abondante et peu qualifiée.
II – Entreprises et management : l’apport d’Henri Fayol
Menée au niveau de l’atelier, cette analyse est complétée par celle d’Henri Fayol qui porte sur la direction des firmes. Dans son ouvrage de référence, L’Administration industrielle et générale (1916), il conçoit l’entreprise comme un ensemble structuré hiérarchiquement et facile à visualiser par un organigramme. Il y souligne l’importance de la fonction du chef chargé de la diriger. Père du management moderne, il fait de l’administration une science dont les connaissances se fondent sur l’analyse des succès et des échecs des entreprises et peuvent être transmises par un enseignement.
Eléments à retenir
- Taylorisme : terme désignant l’organisation scientifique du travail (O.S.T) promue par Frederik Winslow Taylor
- Parcellisation des tâches : division du travail en autant de gestes élémentaires que possible de manière à pouvoir facilement les contrôler
- Citation : « Diriger c’est prévoir, organiser, commander, coordonner, contrôler », Henri Fayol, op. cité
III – Le fordisme, ses variantes et sa critique
Le lien entre division du travail et production de masse est établi par Henry Ford. Suivant une stratégie de volume, il introduit le travail à la chaîne et un système incitatif de rémunération pour compenser la pénibilité d’un travail répétitif.
La popularité du terme fordisme a éclipsé celui de sloanisme désignant la stratégie alliant volume et diversité appliquée par le P.D.G de la General Motors
Les réactions à ces deux variantes de l’organisation scientifique du travail ont d’abord été portées par l’école des relations humaines dans les années 1930. Ses travaux montrent que le rendement des ouvriers dépend en premier lieu des liens sociaux existant entre eux et avec leur supérieurs hiérarchiques.
À cela s’ajoutent les travaux de Georges Friedman montrant que l’O.S.T, qui selon son expression réduit le travail en miettes, entraîne une déqualification du travail des ouvriers. En les rendant interchangeables et anonymes, il est un puissant facteur de leur aliénation.
IV – Du fordisme au toyotisme
A l’issue du choc pétrolier, le fordisme est confronté à une double crise. Très rigide il est mal adapté aux mutations de la demande, très éprouvant il est rejeté par les ouvriers spécialisés qui le font tourner.
Le relais est pris par le toyotisme (système conçu par l’ingénieur japonais Taiichi Ohno) qui pousse encore plus loin le processus de rationalisation de la production en en réduisant les coûts (notamment de stockage), en l’adaptant à la diversification de la demande et en intégrant le savoir-faire des ouvriers réunis dans des cercles de qualité. Dans la lignée du toyotisme s’est développé un peu partout dans le monde une organisation du travail répondant aux contraintes du juste à temps.
En définitive coexistent aujourd’hui dans les entreprises françaises quatre formes d’organisation du travail : organisation en production juste à temps (permettant une production au plus juste ou « lean production ») dans 24 % des cas, organisation taylorienne pour 25 % des salariés, organisation de structure simple pour 14 % d’entre eux et dans 37 % des cas organisation apprenante laissant une certaine autonomie dans la gestion des imprévus.
Eléments à retenir
- Les cercles de qualité sont des groupes de personnes volontaires s’attachant à résoudre les problèmes rencontrés par leur atelier ou leur service dans le processus de production. Leur action s’inscrit dans une démarche d’amélioration permanente de la qualité
- Les 5 zéros du toyotisme sont le zéro stock, le zéro délai, le zéro papier, le zéro défaut et le zéro panne
- Le juste à temps est une organisation de la production reposant sur la méthode des flux tendus. Son principe est que les produits ne soient livrés ni trop tôt ni trop tard à leurs destinataires.